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carolinemairand8

Lever de rideau sur les non-dits de famille

Dans l’histoire familiale, les non-dits sont des secrets connus seulement d’une poignée de personnes. Les autres ont l'intime conviction qu’il existe une vérité, sans toutefois parvenir à la définir.  Préserver le secret est demandé à certains, quand il est vital pour d’autres, pour éviter scandale, rejet, ou qu’en-dira-t-on. Il en va de l’intégrité du groupe, de la réputation. La peur que le barrage ne cède est forte. Les non-dits touchent à la mort, à la sexualité, à la stérilité, aux relations extra-conjugales. Ils peuvent aussi cacher le handicap, les transgressions morales ou juridiques, les revers de fortune…mais le plus dévastateur est sans doute l’inceste.


Quels indices laissent-ils à penser que l’on couve un non-dit 

Nous sentons qu’il y a anguille sous roche, et pourtant personne n’a eu « le mot de trop ». Ce qui laisse entendre l’existence du non-dit, ce sont les messes basses, les changements de ton lorsqu’un mot ou un nom est évoqué, les regards qui en disent long. Ils peuvent aussi être traduits par des comportements étranges et anxieux, des rituels qui s’installent ou des mises en garde un peu excessives. Le traumatisme et l’inconscient collectif laissent des traces parfois propices à l’enquête.


Pourquoi les non-dits existent-ils, quelle est leur fonction ?

Un mélange d’émotions enveloppe le non-dit, la peur étant aux commandes. Pourtant, il est créé dans un premier temps pour préserver... Préserver la sensibilité de certains membres de la famille, conserver la cohésion du clan, éviter le qu’en-dira-t-on. Si ce secret bien gardé est révélé, il peut, pense-t-on, éloigner les gens, dans le cas d’une adoption, d’un écart de conduite, etc.


Pourquoi ou quand est-il essentiel d’en sortir ?

Les membres de la famille qui ne sont pas conscients du ou des non-dits sont comme dans une prison psychologique dont ils ne peuvent définir les contours. Bien entendu, suivant l’intensité du secret et l’impact supposé sur leur propre existence, cette sensation désagréable est plus ou moins forte. Il est évidemment indispensable pour l’équilibre d’une personne de faire la lumière sur le secret destructeur, celui qui ronge. Si l’on subit le non-dit, on subit aussi la honte associée au secret, mécanisme étrange, mais puissant qui prouve la force des liens de famille.


Comment sortir du secret et des émotions liées ?

Remonter l’histoire familiale peut permettre de définir les contours de ces non-dits. Au sein d’une biographie, il arrivera parfois que la personne en quête de vérité se heurte à des portes closes. D’autres fois, la lumière sera faite sur ce qui devait être révélé et permettra aux descendants d’être libérés d’un poids qui n’appartenait qu’à ceux qui ont passé l’évènement sous silence.

Dans un autre cas de figure, la personne qui semble détenir le secret, au fond d’elle, tout au fond, caché dans son inconscient, n’aura justement pas la clé pour ouvrir ce qui, pour elle, a été un évènement hautement traumatisant. Il s’agit par exemple de cette mamie, que l’inconscient a protégé du traumatisme d’avoir été abusée enfant, en gardant le souvenir profondément enfoui, sans jamais le faire remonter à la conscience. Pourtant, ses enfants le sentent. Il sera alors possible d’émettre des hypothèses.

Parfois, au fil du récit, la personne qui retrace la vie de ses parents et de ses grands-parents comprendra que le non-dit était indispensable à la bonne morale de l’époque. C’est pour cela qu’il est indispensable de planter le décor. Et l’on pourra alors mieux comprendre la force du contexte social ou religieux, l’emprise d’un enfant trop jeune pour désobéir, la honte d’avoir failli à son rôle de parent, ou celle d’avoir transgressé les règles de la bienséance.  


Lorsque le non-dit traumatise profondément

Si le besoin de vérité s’associe à un mal-être plus profond, il devient alors utile, à la suite d'une biographie qui fait la lumière et rétablit la vérité, d’être accompagné par un professionnel. Une thérapie transgénérationnelle aidera, en effet, à couper des liens pour aider la personne à se libérer. La personne pourra ainsi laisser à ses aïeux leur vie et surtout leurs responsabilités. Un spécialiste de l’hypnose ou de l’EMDR (psychothérapie par mouvements oculaires) permettra d’accéder à l’inconscient grâce à des techniques douces, mais efficaces. Les séances de constellation familiale peuvent aussi aider à certains déclics pour laisser libre cours à l’émotion, se libérer tout simplement. 


En un mot…

Vous l’aurez compris, l’histoire familiale appartient à chacun de ses membres. Il est donc utile pour les générations futures d’en connaître les temps forts, les grandes joies, mais aussi les tourments. Loin de salir l’ensemble de l’histoire, retracer le parcours de nos parents, grands-parents et autres aïeux, c’est partir à la recherche de nous-mêmes. Car nous sommes faits du même bois, du même arbre… Et même si la lumière est faite sur des évènements peu glorieux, l’on parle alors de vulnérabilité, l’une des facettes de l’être humain. Enfin, il est plus qu’essentiel de connaître ces traumatismes de famille pour avoir la possibilité de les mettre à distance afin qu’ils ne nous empêchent plus d’avancer.



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